Depuis le XVe siècle, le travail du métal est un savoir-faire reconnu à Saint-Etienne. C’est tout particulièrement sous le règne de François Ier, dans le contexte des guerres d’Italie, que l’industrie stéphanoise prend son essor. Saint-Etienne participe alors au développement d’une véritable région économique dans l’ensemble qui forme aujourd’hui la région Rhône-Alpes.
L’arme
A l’origine, ce sont des armes blanches qui sont produites, bénéficiant de la bonne qualité et de l’abondance des eaux du Furan et de ses nombreux affluents. Très vite, les artisans stéphanois produiront aussi des armes à feu. François 1er, au début du XVIe siècle enverra d’ailleurs un ingénieur, Georges de Virgile, pour mieux organiser la fabrication des armes.
Au XVIe siècle, sur une population d’environ 880 feux, on compte 78 forgerons, 1 taillandier, 1 faiseur d’enclumes, 2 couteliers, 2 éperonniers, 2 faiseurs de mors de chevaux,… La fabrication des armes blanches et des arquebuses occupe une trentaine d’artisans.
Au XVIIIe siècle, armes de guerre et armes de commerce sont deux activités essentielles de la ville. Une Manufacture royale, dont la gestion est confiée à un entrepreneur privé, Carrier, est créée en 1764. La manufacture d’armes deviendra un enjeu stratégique pendant la Révolution française.
La » clincaillerie «
La « clincaillerie » stéphanoise, c’est-à-dire toutes les fabrications à base de métal : couteaux, serrures,…, était vendue dans toute la France.
Ainsi, une grande partie des hôtels particuliers parisiens – notamment dans le quartier du Marais – , sont équipés de « fiches » (charnières de fenêtres) réalisées à Saint-Etienne. Nombre d’entre elles sont estampillées, montrant que les fabricants stéphanois avaient à la fois organisé la production et la commercialisation.
Des familles entières se consacraient à cette production, de père en fils, par exemple les HOSPITAL, qui, de simples artisans au XVIe siècle accèderont à la noblesse à la fin du XVIIe siècle.
La clincaillerie stéphanoise continuera sa production jusqu’au milieu du XIXe siècle selon les mêmes procédés, comme en témoigne la famille BIZALION.
La gravure sur métal
Les armuriers faisaient appel à des graveurs qui ciselaient les gardes d’épée, gravaient parfois de téméraires devises. Les Stéphanois ont ainsi pris l’habitude de graver le métal.
De l’arme de chasse gravée à la médaille il n’y a qu’un pas qui sera vite franchi par les Stéphanois à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, période d’apogée pour la gravure.
Du milieu des artisans stéphanois vont sortir de l’anonymat des artistes de renommées nationale et internationale, de véritables dynasties de graveurs et de médailleurs : Dupré, Montagny, Merley, Jaley,… Jacques OLANIER crée en 1766 le premier cours d’enseignement artistique.
De cet atelier sortiront en particulier Augustin DUPRÉ et André GALLE.
Augustin DUPRÉ fut chargé par la Convention nationale d’organiser la réforme monétaire de la Révolution : création du franc et des décimes. Il gravera « au peuple Hercule » en 1795, modèle repris régulièrement depuis lors.